L’hypothyroïdie - Causes et traitement

On appelle hypothyroïdie une sous-activité de la glande thyroïde. Elle se subdivise en plusieurs types : hypothyroïdie subclinique, primaire, ou secondaire. La fonction première de la glande thyroïde est de réguler le processus métabolique nécessaire à la croissance normale des tissus, à leur développement et à leur différenciation (1). L’activité de la glande thyroïde peut se ralentir pour diverses raisons, que nous allons examiner plus en détail. En temps normal, la thyroïde et les tissus périphériques convertissent la thyroxine (T4) en sa forme plus active, la triiodothyronine (T3). La production d’hormones thyroïdiennes est influencée par plusieurs facteurs, comprenant : l’hormone thyréotrope (TRH) de l’hypothalamus ; le taux de thyréostimuline (TSH) libérée par l’hypophyse ; et la disponibilité en iode et en tyrosine. La production de TSH est régulée au moyen de boucles de rétroaction entre l’hypothalamus, l’hypophyse et la thyroïde (2).

L’hypothyroïdie entraine un ralentissement du métabolisme basal (MB), conduisant finalement à une prise de poids. Les autres symptômes de l’hypothyroïdie sont notamment : irrégularité des selles (constipation) ; manque d’énergie ; sécheresse cutanée ; perte de cheveux ; irritabilité ; troubles psychiques ; frilosité ; douleurs musculaires et articulaires ; absence ou retard de réflexes – pour n’en citer que quelques-uns. Mais ces symptômes ne se manifestent pas nécessairement tous dans l’hypothyroïdie.

La thyroïdite d’Hashimoto est une cause courante d’hypothyroïdie (3), et touche environ 5% de la population générale, ce qui en fait l’une des maladies auto-immunes les plus répandues. Elle concernerait entre 10 et 20% des femmes, étant moins fréquente chez les hommes (4). La thyroïdite d’Hashimoto est considérée un trouble de l’immunité à médiation cellulaire (5), avec infiltration de lymphocytes T et B autociblés dans la glande thyroïde (4). Des affections auto-immunes supplémentaires pouvant se manifester chez les personnes atteintes d’Hashimoto, il est important d’évaluer la coexistence d’une auto-immunité (5).

Le stress peut jouer un rôle crucial dans la dérégulation thyroïdienne, en déclenchant la libération de noradrénaline, de cortisol et de corticolibérine. Ces hormones ont une influence inhibitrice sur la sécrétion des TSH et des enzymes impliquées dans la conversion des T4 en T3 (6).

Une mauvaise santé gastro-intestinale (GI) peut aussi être responsable de la thyroïdite auto-immune. Savez-vous que de 70 à 80% du système immunitaire se trouve dans le système GI ? Des facteurs comportementaux tels que le stress, l’usage d’antibiotiques ou une mauvaise alimentation agissent directement sur l’intégrité et le bon fonctionnement du système GI. Lorsque ce dernier est compromis, le système immunitaire peut se troubler, et l’organisme commettre alors des erreurs ! En cas d’hyperperméabilité intestinale, le système immunitaire prend des antigènes normalement anodins (comme les aliments) pour des agents étrangers et développe contre eux une réponse immunitaire. La structure protéique de certains aliments ressemble à celle de la thyroïde, provoquant une réaction croisée, et l’organisme peut se retourner contre lui-même et entrainer une réaction auto-immune. On notera aussi qu’une mauvaise santé gastro-intestinale se manifestera probablement par des ballonnements, gaz, selles irrégulières, brûlures d’estomac et crampes abdominales, qui ne sont que quelques-uns des symptômes associés !

Votre médecin recherchera des symptômes de sous-activité de la thyroïde. Il ou elle prescrira probablement un ensemble d’examens de la thyroïde (pouvant comporter une recherche d’iode urinaire sur 24 heures) pour déterminer son état, et procédera à un examen physique à la recherche de nodules ou d’irrégularités. Une échographie de la thyroïde pourra également être prescrite si des nodules se révèlent à la palpation. En cas d’hypothyroïdie, le taux de TSH tend à être élevé, et celui des T4 et T3 à être faible (6). Des résultats d’analyse montrant un taux élevé d’anticorps thyroperoxydases (TPO) et thyroglobulines (TG) indiquent que la thyroïde est « attaquée ».

Alimentation

Régime sans gluten : La structure protéique du gluten réagit de façon croisée avec celle de la thyroïde. Des études montrent qu’un strict régime sans gluten bénéficie aux patients. En supprimant le gluten de l’alimentation, le taux d’anticorps diminue, et l’activité de la thyroïde est rétablie. Il peut également être nécessaire de supprimer certains autres aliments nocifs (7).

Augmentation de l’apport en protéines : il est important, puisque les protéines sont des précurseurs à la fois de la tyrosine et des hormones du stress (les catécholamines) (6).

Iode – un micronutriment nécessaire au fonctionnement de la thyroïde et à la synthèse des hormones thyroïdiennes. L’iode se trouve dans les poissons et fruits de mer, les produits animaux, et les fruits tels que canneberges et fraises. Posologie : compter environ 150 microgrammes par jour, et 250 microgrammes en cas de grossesse ou d’allaitement (5). Toutefois, certaines études indiquent qu’un excès léger ou modéré d’iode (supérieur à 220 microgrammes par jour) serait associé à une plus grande occurrence d’hypothyroïdie – le mécanisme exact n’étant pas élucidé (8). Une étude récente suggère que, dans le développement de l’hypothyroïdie, l’apoptose des cellules folliculaires thyroïdiennes est probablement provoquée par une répression de l’activité autophagique induite par l’excès d’iode. Concernant l’Hashimoto, des doses élevées d’iode seraient donc à décourager (5).

Sélénium – un micronutriment qui augmente la production d’hormones thyroïdiennes actives (T3), et modifie la réaction inflammatoire et immunitaire. En l’absence de sélénium, des T3 inverses (métaboliquement inactives) sont produites. On trouve du sélénium en grande quantité dans les noix du Brésil et des aliments comme le thon et les huitres. L’apport alimentaire quotidien recommandé va de 55 à 75 microgrammes. Trois méta-analyses ont confirmé l’effet répressif sur les anticorps TPO et TG d’une supplémentation en sélénium. Les patients de l’étude la plus récente recevaient 200 microgrammes de sélénométhionine. Pour établir si un patient atteint d’Hashimoto bénéficierait d’une supplémentation en sélénium, le praticien doit d’abord examiner son taux d’iode (9).

Vitamine D – plusieurs études ont établi une corrélation entre carence en vitamine D et auto-immunité thyroïdienne. La supplémentation en vitamine D et l’exposition cutanée au rayonnement solaire sont l’une et l’autre efficaces pour réduire les anticorps peroxydases thyroïdiens chez les patients montrant une carence en vitamine D. Celle-ci a une fonction immuno-régulatrice. Il convient de faire analyser votre taux de vitamine D avant toute supplémentation, dans la mesure où il s’agit d’une vitamine liposoluble, pouvant donc s’accumuler dans l’organisme et devenir toxique à haute dose en raison de la concentration en calcium (hypercalcémie) et d’une possibilité de lithiase rénale. Si vous présentez un risque de maladie cardiaque, votre médecin pourra aussi prescrire de la vitamine K en plus de la vitamine D. Un taux élevé de vitamine K est associé à une réduction de la calcification de l’artère coronaire, des maladies cardiovasculaires et de la mortalité (10).

Withania somnifera : cette plante est un adaptogène, en cela qu’elle permet de moduler la réponse au stress et qu’elle atténue les symptômes qui y sont associés. Cette plante favorisant la conversion des T4 en T3, elle bénéficie à l’activité thyroïdienne (6).

L’hypothyroïdie peut être provoquée par une agression auto-immune, une mauvaise santé digestive, des carences nutritionnelles, ainsi que par un épuisement surrénal. Les approches thérapeutiques courantes comprennent : l’élimination des sensibilités alimentaires et le traitement du système gastro-intestinal ; la modulation du système immunitaire et la réduction de l’inflammation (en cas d’Hashimoto) ; l’apport nutritionnel des précurseurs nécessaires à l’activité thyroïdienne ; et enfin le soutien aux glandes surrénales afin de limiter l’impact du stress sur le système endocrinien. La médecine naturopathique traite les affections thyroïdiennes par l’alimentation, la supplémentation nutritionnelle et la phytothérapie. Prenez rendez-vous avec votre médecin naturopathe avant de faire un auto-diagnostic et de commencer un traitement contre les affections thyroïdiennes.