Les probiotiques - Influence sur le système immunitaire

Introduction

Les probiotiques sont des options couramment utilisées par les naturopathes dans le traitement des maladies atopiques telles que l’eczéma, les allergies et l’asthme, ainsi que pour les troubles digestifs. L’épidémiologie a montré que les enfants souffrant de maladies atopiques avaient une flore intestinale (probiotique) différente des enfants en bonne santé (1). On définit les probiotiques comme des microorganismes, généralement du type Lactobacillus, Bifidobacterium ou Streptoccocus, qui colonisent naturellement le tractus gastro-intestinal (2). Le fait d’avoir une flore probiotique saine est essentiel pour le bon fonctionnement et le développement du système immunitaire (2). La fréquence des maladies atopiques a augmenté avec le temps, et les raisons de cette augmentation pourraient être liées au manque d’exposition aux probiotiques naturels au moment de la naissance. La recherche a récemment mis en relation ces raisons avec le fait que les probiotiques, tels qu’on les trouve dans le lait maternel, permettent de réguler les réponses immunitaires en jouant un rôle dans la bonne formation du tube digestif chez les nourrissons. Notre flore probiotique n’évoluant guère après la petite enfance, une bonne colonisation de la flore intestinale à la naissance et durant les premières années de vie est cruciale pour le développement, avec l’âge, d’un système immunitaire sain et efficace (2). Pour bien comprendre cela, nous devons revenir aux bases, afin de savoir comment les probiotiques amorcent le développement du système immunitaire à la naissance.

Le système immunitaire néonatal est un environnement neutre, puisqu’il n’a été que très peu exposé dans l’utérus. Il est comme une page blanche, et son développement sera très sensible et influençable par tout ce qui viendra en contact avec lui à la sortie de la matrice. Dès la naissance, des facteurs tels que l'âge gestationnel, l'alimentation et le mode de délivrance du nourrisson ont tous un impact sur ce système immunitaire (2). C’est dans le canal vaginal que se produit la première rencontre avec des bactéries, en l’occurrence des bactéries commensales du type Escherichia coli, Enterobacteria, Enterococci, Streptococci, et Staphylococci (3). La deuxième exposition du bébé aux bactéries se fait par le lait maternel, et vers la fin de la première semaine, s’il est nourri exclusivement au sein, l’intestin du nouveau-né est colonisé par Bifidobacterium (3). Il est intéressant de noter que les enfants nés par voie vaginale ont la même colonisation bactérienne après 48 h, qu’ils soient allaités par la mère ou non. Des différences dans la flore bactérienne seront pourtant détectables, entre enfants nourris au lait maternel et ceux nourris au lait maternisé, dès le 7ème jour, et au plus tard après un mois (2). Cette exposition aux bactéries maternelles et leur colonisation du tractus intestinal sont essentielles pour le développement du système digestif, et donc pour le bon amorçage du système immunitaire (4). Pour cette raison, l’accouchement vaginal et l’allaitement maternel exclusif dans la première enfance sont très conseillés – quand ils sont possibles et sans risque. À l’appui de ce constat, plusieurs études épidémiologiques et cliniques ont conclu que l’allaitement maternel permet de réduire notablement la fréquence des maladies atopiques et de l’obésité à l’adolescence par rapport à l’alimentation exclusive au lait maternisé, en raison du contenu en probiotiques du premier (5,6,7). Le tube digestif est la première partie du système immunitaire qui se forme chez le nourrisson – un tube digestif sain, colonisé par de bonnes bactéries, favorisera le développement d'un système immunitaire sain et équilibré.

En dépit des efforts réalisés pour favoriser l’accouchement vaginal et/ou l’allaitement au sein, il serait irréaliste pour les médecins de s’attendre à ce que ce soit le cas pour toutes les nouvelles mamans. Des circonstances inattendues et hors de notre contrôle peuvent entrainer une césarienne ou imposer une alimentation au lait industriel, comme des solutions préférables pour la santé de la mère et de l’enfant. Dans ces circonstances, le système immunitaire devrait être stimulé par une supplémentation en probiotiques, de façon à favoriser le développement d’un bon système digestif et immunitaire.

Une combinaison de probiotiques similaires aux bactéries présentes dans le tractus vaginal et dans le lait maternel permet de créer un environnement aux effets bénéfiques semblables à ceux procurés par l’accouchement vaginal et l’allaitement maternel. Un certain nombre d’études récemment publiées ont conclu que l’absorption de probiotiques alimentaires ou sous forme de compléments favorise le traitement des troubles digestifs tels que la colique du nourrisson, et la prévention des affections atopiques au moment où les enfants atteignent l’adolescence (8,9). De même, les effets positifs de la supplémentation en probiotique sur le système immunitaire sont confirmés par plusieurs études, qui montrent une réduction de la fièvre, de la toux congestive, des symptômes grippaux, ainsi que de l’utilisation d’antibiotiques chez les enfants souffrant d’infections des voies respiratoires supérieures (10,11). Les bénéfices des probiotiques ne sont pas réservés aux nourrissons, mais se manifestent aussi pendant la période périnatale. La colonisation probiotique chez la femme enceinte peut aussi avoir une grande influence sur la condition atopique de leur enfant. Une publication récente a montré que la supplémentation en probiotiques des femmes enceintes permettait de réduire significativement pour leurs enfants le risque d’allergie et d’eczéma (9).

À la lumière de ces importants résultats, beaucoup de grands fabricants de lait maternisé ont ajouté des probiotiques à leurs produits pour améliorer la santé des nourrissons qui ne peuvent pas être allaités, produits aujourd’hui répandus sur le marché.

Les probiotiques sont des compléments alimentaires courants que l’on trouve sans peine dans les magasins d’alimentation naturelle, pour de nombreuses raisons, leurs effets bénéfiques sur le système immunitaire étant les plus connus et les mieux étudiés. L’exposition des nouveau-nés aux probiotiques maternels au moment de la naissance, dans le canal vaginal et par le lait maternel, est importante pour initialiser le développement du système digestif et réguler le système immunitaire. L’allaitement au sein est conseillé pour une période d’au moins six mois, afin que le bébé profite d’une bonne colonisation bactérienne intestinale (6). En tenant compte des effets bénéfiques d’une exposition aux bactéries du canal vaginal sur le système immunitaire néonatal, l’allaitement maternel est fortement recommandé pour les nourrissons nés par césarienne. S’il s’avère impossible, pour des raisons compréhensibles, il est conseillé d’apporter au nouveau-né ces bactéries bénéfiques au moyen d’un complément probiotique adapté à son âge, ou d’un lait maternisé enrichi de probiotiques.