Prendre soin de son foie Les approches naturopathiques

Chacun de nos organes joue un rôle unique et essentiel dans l’équilibre de notre corps. L’harmonie qui résulte de leur bon fonctionnement commun est une véritable source d’énergie – mais le contraire, lui, nous épuise. Le foie est un facteur important de notre santé et constitue un carrefour entre de nombreux systèmes organiques. Nous savons que le foie filtre et détoxifie le sang, qu’il produit certaines hormones et protéines essentielles, mais il remplit aussi d’autres fonctions plus discrètes que nous ne remarquons pas – jusqu’à ce que les choses commencent à aller de travers. Malgré toutes les formes de stress que nous imposons à notre organisme, notre foie est capable de résister aux traumas que constituent l’alcool, les drogues, certains aliments, et aux infections, et peut même se régénérer au besoin !

On appelle hépatite une inflammation du foie, généralement provoquée par une infection virale entrainant une inflammation importante, et pouvant considérablement dégrader, de façon permanente, l’activité hépatique. Il existe de nombreux types d’hépatite, qu’on distingue selon leur mode de transmission, la gravité de l’infection, et le risque de lésions hépatiques qu’elles présentent. L’hépatite C est une infection par un virus à ARN, contractée par le biais de sang contaminé ou l’utilisation de seringues partagées. Elle vise des cellules hépatiques spécialisées, les hépatocytes, et réduit leur capacité à détoxifier et à remplir leurs fonctions. Le virus se réplique très rapidement et peut envahir en peu de temps une grande partie de l’organe. Beaucoup de patients ne remarquent aucun symptôme aux premiers stades de l’infection, mais le virus continue à se répandre, pouvant provoquer ictère (jaunissement des yeux et de la peau), douleur stomacale, perte d’appétit, nausées et fatigue extrême. L’hépatite C est une infection à long terme pouvant provoquer, chez la plupart des gens, une cirrhose, un cancer du foie et des lésions hépatiques permanentes. Certaines personnes peuvent bénéficier d’une transplantation du foie, mais en définitive la gestion de l’hépatite C implique la prise d’antiviraux et de traitements expérimentaux, puisqu’on ne sait pas guérir cette maladie (1).

La prise en charge de l’hépatite représente, pour un médecin naturopathe, bien plus que la réduction de l’infection virale, et nous accordons une importance particulière à l’optimisation de la santé hépatique. Cela commence, comme toujours, par ce que nous pouvons le mieux contrôler, notamment l’alimentation. Pour garder un foie en bon état, il convient de réduire la charge toxique qui pèse sur le système grâce à une alimentation détoxifiante et anti-inflammatoire. Cela peut impliquer un régime par élimination, des tests de sensibilité alimentaire, ou simplement de suivre ces recommandations de base pour une alimentation saine :

1. Augmenter la consommation de bonnes graisses, et notamment les puissants oméga anti-inflammatoires tirés de l’huile de poisson. Il faut trouver le bon équilibre entre acides gras essentiels oméga-3 et oméga-6, provenant de diverses sources alimentaires. Augmenter le taux d’oméga-3 et baisser celui des oméga-6 favorise l’action anti-inflammatoire des oméga-3. On y parvient en consommant davantage de saumon, de graines de lin et de noix, et moins d’huile de maïs, de carthame et de tournesol. Les huiles hydrogénées et les graisses trans sont à éviter et à remplacer par l’huile d’olive, de coco ou d’avocat.
2. Introduire des aliments aux propriétés naturelles antimicrobiennes et de renforcement immunitaire, tels qu’oignon, gingembre, ail, piment de Cayenne, et champignons chinois. Outre leur capacité à lutter contre les virus, ils favorisent la circulation sanguine et lymphatique, et dégagent les sinus.
3. L’une des meilleures plantes pour aider le foie au deuxième stade de la détoxification est la coriandre. Certaines personnes sont très sensibles à la coriandre dans l’alimentation, d’autres ne la remarquent même pas , mais l’ajout de coriandre dans les sauces chaudes ou froides, les soupes et les currys, permet de stimuler le foie et de favoriser le processus de détoxification. La coriandre est également un « chélateur » bien documenté, ce qui signifie qu’elle peut lier les métaux lourds tels que le cadmium et le mercure et les éliminer de l’organisme (2).


4. Les antioxydants sont de puissants nutriments qui protègent l’organisme des lésions et favorisent leur guérison. Les principaux antioxydants à inclure dans l’alimentation sont le curcuma, le thé vert, la canneberge, la myrtille et la baie de goji. Ils agissent dans tout le corps, notamment en réduisant les lésions des vaisseaux sanguins, en purifiant la peau et en ralentissant le vieillissement.


5. Équilibrer le microbiome intestinal est une part essentielle de tout programme de soins. Il est bien connu qu’une grande partie du système immunitaire se situe dans l’appareil digestif, et que le développement immunitaire est favorisé par une bonne colonisation bactérienne. Les sources alimentaires de probiotiques comportent les aliments fermentés tels que soupe miso, yaourts, choucroute et le kombucha – mais les bénéfices cliniques des probiotiques sous forme de gélules à fort dosage sont plus marqués, et difficiles à reproduire par la seule alimentation.


6. Tous les légumes verts à feuilles sont riches en vitamines B et en fibres. Les légumes vert foncé ont d’énormes effets sur la santé, mais sont peu utilisés en raison de leur saveur amère. Cette amertume est pourtant l’un des aspects importants expliquant pourquoi ces légumes ont un rôle-clé pour la santé du foie. Les aliments amers contiennent généralement des nutriments essentiels pour le foie et favorisent la production de bile pour la digestion des lipides. Les fibres accompagnant tous ces nutriments sont importantes pour la régulation des selles et favorisent le processus d’élimination.


7. Une quantité suffisante d’eau aide à l’évacuation des produits de la détoxification hors du foie et à leur élimination régulière. C’est là une évidence : l’eau est l’élément-clé de tout processus physiologique dans l’organisme. Nous avons tous plus ou moins expérimenté la déshydratation, et pourtant la plupart d’entre nous continuent à ne pas absorber suffisamment d’eau au quotidien. Mais ceux qui arrivent à boire jusqu’à huit verres par jour ont pu en constater les bienfaits sur l’hydratation de la peau, le niveau d’énergie et la régularité intestinale. Comme dans tout autre processus infectieux, le fait de boire beaucoup d’eau aide aussi à éliminer les virus du foie.


8. Il est également important de prendre note des aliments et boissons à éviter pour la santé hépatique. Parmi eux, les boissons alcooliques, les produits laitiers, les sucres et glucides raffinés, les produits de la mer riches en mercure, les huiles hydrogénées et les conservateurs présents dans les aliments transformés. Comme on peut s’y attendre, ces produits imposent une charge supplémentaire au foie, et peuvent lui nuire s’ils sont consommés en grande quantité.

Globalement, c’est le bon équilibre entre protéines, glucides et lipides qui constitue la meilleure alimentation pour la santé hépatique. Un régime riche en protéines peut être bon pour le foie, en prévenant la malnutrition protéique et la stéatose hépatique. C’est un problème courant chez les véganes et les végétariens, dans la mesure où leur consommation de protéines est souvent trop faible, et d’origine végétale, les protéines végétales étant plus difficiles à digérer et à assimiler par l’organisme. Quoi qu’il en soit, ces conseils alimentaires joueront un rôle-clé dans le contrôle de l’hépatite ou de tout autre trouble hépatique (3).

Outre ces modifications alimentaires, on tirera profit d’une supplémentation en nutriments et vitamines à doses élevées.

Huile de poisson : on prendra une dose d’au moins 1500 mg d’EPA chaque jour au cours d’un repas, pour favoriser la stabilisation de l’humeur et la réduction de l’inflammation.

Prendre autant de vitamine C que peut en tolérer l’intestin dans les premiers stades de l’infection. Des doses élevées de vitamine C aideront à stimuler le système immunitaire, auront une action antioxydante et favoriseront la guérison et la restauration du foie.

Lécithine : cette molécule lipidique est présente sur la membrane externe de toutes les cellules de l’organisme. Elle a été étudiée pour sa capacité à améliorer l’activité hépatique, la mémoire et l’humeur, trois domaines souvent affectés chez les personnes atteintes de l’hépatite C. S’agissant d’un composant important de la bicouche phospholipidique de toutes les cellules, il est essentiel à la signalisation cellulaire, ce qui peut accélérer les communications et apporter des changements notables sur l’attention et la mémoire. Il est également établi que la lécithine retarde la progression des lésions hépatiques et améliore l’efficacité de la thérapie conventionnelle par interférons chez les patients atteints d’hépatite C chronique.

La silymarine est un composant actif du chardon-marie, une plante aux effets protecteurs et régénérateurs des cellules hépatiques. Combinée à la curcumine et à l’acide alpha-lipoïque, cette plante permet de réduire l’inflammation et le stress oxydatif dans le foie. En plus des autres antioxydants évoqués plus haut, le chardon-marie a un effet antioxydant spécifique sur les cellules du foie, et peut être utilisé à tous les stades du trouble hépatique.

Injections intramusculaires de vitamine B12 : La vitamine B12 est importante pour le maintien de l’activité cérébrale et la réduction des pertes cognitives chez les personnes dépressives. Elle permet d’augmenter l’énergie, de stimuler l’activité immunitaire, d’améliorer la mémoire et l’humeur. De plus, la vitamine B12 a des effets sur le métabolisme du cholestérol, et elle est souvent déficiente chez les personnes présentant des symptômes d’indigestion, une production insuffisante d’acide gastrique ou une inflammation gastro-intestinale.

La vitamine D est recommandée aux personnes vivant dans l’hémisphère Nord, dont l’exposition au soleil est réduite. La carence en vitamine D est liée à la dépression, au manque d’énergie, à l’ostéoporose, et à la sclérose en plaques. Même avec une forte exposition au soleil, la capacité de l’organisme à produire de la vitamine D cutanée nécessite l’intervention d’hormones rénales et hépatiques. Si le foie ne fonctionne pas de façon satisfaisante, on ajoutera de la vitamine D au traitement à titre préventif.

La prise en charge de l’hépatite C par la médecine conventionnelle entraine souvent des effets secondaires dus aux médicaments. La médecine naturopathique offre une large gamme de thérapies naturelles et de solutions améliorant l’efficacité des médicaments, réduisant leurs effets secondaires, favorisant et renforçant l’activité hépatique à long terme.