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Le syndrome des ovaires polykystiques - La maladie et ses nouvelles thérapies nutritionnelles

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Le syndrome des ovaires polykystiques
La maladie et ses nouvelles thérapies nutritionnelles

by Dr. Laura Tummon Simmons ND
lauratummonsimmons.com/





Polycystic Ovary Syndrome SOPK : la maladie

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une affection qui se manifeste par des symptômes reproductifs et endocriniens, et touche à l’heure actuelle au moins 5 à 10% des femmes en âge de procréer [1]. Le diagnostic du SOPK est fondé en grande partie sur les « Critères de Rotterdam », selon lesquels une patiente doit présenter au moins deux des trois critères suivants :

  • Pas ou peu d’ovulations, provoquant des menstruations irrégulières ;
  • Hyperandrogénie clinique (pilosité anormale de type masculin, perte des cheveux sur le modèle masculin, acné) ou biochimique (taux élevé de testostérone sanguine) ;
  • Aspect polykystique des ovaires à l’échographie vaginale [2].

En outre, toute autre affection pouvant expliquer l’apparition de ces symptômes, notamment les pathologies thyroïdiennes, surrénales ou hypophysaires, doit être écartée. Parmi les autres symptômes du SOPK, on peut citer l’obésité, la stérilité ou une faible fécondité, le diabète et les troubles glycémiques, le cholestérol, ainsi que des troubles de l’humeur tels qu’anxiété et dépression [2].

D’où vient le SOPK ? Polycystic Ovary Syndrome

Nous savons aujourd’hui que le SOPK est dû en grande partie à des variations dans les taux de deux hormones importantes : les androgènes et l’insuline. En premier lieu, nous savons que les patientes atteintes du SOPK ont un excès d’androgènes. Cet excès, nous l’avons dit, peut être de type biochimique (constaté en laboratoire) ou clinique (observable dans le tableau symptomatique de la patiente). Le taux élevé d’androgènes par rapport aux hormones sexuelles féminines (œstrogènes et progestérone) se traduit par des symptômes physiques et provoque une modification de l’activité ovarienne. Le cycle menstruel étant régi par le taux relatif des diverses hormones sexuelles de la patiente, l’ovulation peut ne pas se produire à intervalles normaux. Cela a des conséquences sur le cycle menstruel global, et les patientes témoignent souvent de règles incohérentes, rares, voire complètement absentes. Ces particularités ne sont toutefois pas nécessaires au diagnostic du SOPK, certaines patientes souffrant de cette maladie ayant des cycles réguliers [1].

En second lieu, nous savons que les patientes atteintes du SOPK ont généralement une mauvaise régulation glycémique et tendent à présenter un taux d’insuline trop élevé ainsi qu’une résistance à l’insuline. Chez une personne en bonne santé, l’insuline régule l’absorption du sucre (le glucose) par les cellules, où il est utilisé pour produire de l’énergie. Dans le cas du SOPK, la résistance à l’insuline est plus fréquente, ce qui explique que les cellules de l’organisme ne réagissent plus correctement à l’insuline, qui doit être libérée en quantité de plus en plus grande pour que les cellules réagissent aux signaux [2]. Il faut probablement chercher l’origine du SOPK dans cette mauvaise régulation et cette insensibilité à l’insuline, qui entraine l’augmentation du taux d’androgènes qu’on observe dans la maladie en modifiant la libération des hormones lutéinisantes (HL) et folliculostimulantes (HFS) de l’hypophyse.

Les conséquences à long terme du SOPK Polycystic Ovary Syndrome

Les modifications provoquées par le SOPK dans la régulation glycémique expliquent l’une des principales conséquences à long terme cette affection : le fait que les patientes ont plus de risques d’avoir un diabète de type 2 au cours de leur vie. Cette augmentation du risque est indépendante d’une éventuelle obésité ou d’un surpoids, puisqu’on l’observe aussi chez celles dont le SOPK n’est pas lié à l’obésité. Les patientes enceintes atteintes du SOPK ont aussi plus de risque d’avoir un diabète gestationnel [3]. Et, peut-être en raison d’un taux plus élevé de glucose circulant dans le sang, les patientes ont davantage de risques de maladies cardiovasculaires au cours de leur vie [3].

Parmi les autres risques à long terme du SOPK, il faut mentionner celui du cancer de l’endomètre. Celui-ci peut survenir parce que les patientes atteintes du SOPK peuvent avoir des cycles irréguliers, ce qui veut dire qu’elles sont moins susceptibles d’avoir des règles régulières et donc de renouveler leur revêtement utérin, facteur de risque d’hyperplasie endométriale (précurseur du cancer de l’endomètre). De plus, les facteurs de risque du cancer de l’endomètre comprennent aussi l’obésité et le diabète, plus courants chez les patientes atteintes du SOPK. Bien que l’obésité et les variations hormonales puissent augmenter un peu le risque de cancer du sein et de cancer de l’ovaire, le SOPK n’est pas considéré comme un facteur de risque pour l’une ou l’autre de ces maladies [3].

Enfin, en raison du manque d’ovulation et des variations hormonales, la stérilité et la sous-fécondité sont également des risques potentiels liés à cette affection pour les femmes en âge de procréer. La prévalence de la stérilité chez les patientes atteintes du SOPK pourrait aller jusqu’à 70 ou 80% [4].

Le dépistage du SOPK

Plusieurs examens peuvent être utilisés pour aider à identifier le SOPK. L’analyse sérique peut mesurer le taux d’androgènes et d’autres hormones sexuelles, le taux d’hormones hypophysaires telles que HL et HFS, le taux d’insuline, ainsi que la glycémie, soit par une glycémie à jeun, soit par un test de l’hémoglobine A1c (HbA1c). L’imagerie médicale peut être utilisée pour identifier la présence d’ovaires polykystiques grâce à l’échographie vaginale. Un résultat positif à l’un de ces examens n’est cependant pas indispensable pour établir un diagnostic de SOPK.

Les thérapies conventionnelles Polycystic Ovary Syndrome

La pilule est souvent utilisée pour réguler les cycles des patientes atteintes du SOPK et favoriser les saignements de sevrage, afin de renouveler plus régulièrement la muqueuse utérine [5]. La pilule, de même que d’autres moyens contraceptifs comme le stérilet à la progestérone, peut aussi aider à corriger les déséquilibres hormonaux et à limiter chez les patientes les symptômes dus à l’excès d’androgènes, tels que l’acné et l’hirsutisme [5]. La metformine est également couramment prescrite aux femmes atteintes du SOPK pour sa capacité à améliorer la sensibilité à l’insuline, et donc à réduire le taux d’androgènes [6]. Des médicaments comme le citrate de clomifène peuvent être prescrits, avec ou sans fécondation in vitro (FIV), pour favoriser la fécondité et l’ovulation [5].

Les options nutritionnelles

En ce qui concerne le traitement du SOPK, les options nutritionnelles naturelles et la supplémentation en sont encore à leurs débuts ; certains témoignages pourraient cependant être prometteurs. Les solutions qui suivent ne sont pas exhaustives mais comprennent des traitements susceptibles d’améliorer le taux d’ovulation et la fécondité, de contribuer à une meilleure régulation de la glycémie, et de réduire les symptômes liés à un taux élevé d’androgènes.

Perte de poids et exercice physique

Même une légère perte de poids de 5 à 10% de la masse corporelle totale permet d’améliorer les résultats cliniques [2]. En perdant du poids, les patientes réduisent leur taux d’insuline et d’androgènes, ce qui est bénéfique pour l’ovulation et la fécondité et améliore leur statut métabolique [6]. Certains régimes peuvent être utilisés de façon clinique pour perdre du poids et améliorer la régulation de l’insuline, notamment ceux qui sont pauvres en sucres raffinés et en glucides, comme le régime paléo ou le régime cétogène ; ceux qui permettent de réguler la glycémie dans le diabète, notamment le régime méditerranéen ; les jeûnes intermittents et les régimes basses-calories. Augmenter son activité physique aide aussi à perdre du poids et à améliorer l’activité de l’insuline dans l’organisme.

La N-acétylcystéine (NAC)

La NAC est un acide aminé acétylé qui permet d’augmenter le taux d’antioxydants cellulaires, et constitue un précurseur de la réduction du glutathion (un puissant antioxydant). Les femmes atteintes du SOPK ayant un taux de lésions oxydatives plus élevé que la normale, voilà qui pourrait favoriser la réduction du stress oxydatif. La NAC pourrait aussi se révéler utile pour améliorer la sensibilité à l’insuline. Bien qu’une revue critique portant sur huit études n’ait pas montré que la NAC était toujours utile pour améliorer la régularité menstruelle, les symptômes d’hyperandrogénie ou la régulation de l’insuline, cette revue a révélé que la NAC favorisait l’ovulation et augmentait globalement les chances de grossesse viable [7]. Ce traitement est considéré comme fiable, et a été étudié en parallèle avec des traitements conventionnels couramment utilisés tels que le citrate de clomifène et la metformine.

L’inositol

Les inositols sont une famille de composés de type vitamine B présents naturellement dans l’organisme ainsi que dans divers aliments. Le D-chiro-inositol (DCI) et le myo-inositol (MI) sont deux des neuf formes d’inositol qui ont été étudiées, et se sont révélés utiles dans le traitement du SOPK pour plusieurs raisons potentielles. Les deux composés font partie intégrante des molécules de signalisation de l’insuline, ce qui pourrait expliquer pourquoi elles ont un effet sur la régulation de l’insuline dans le SOPK [8]. Le MI pourrait aussi jouer un rôle dans l’activité ovarienne et améliorer la qualité des ovocytes arrivés à maturité [8]. Des études ont montré que l’administration d’inositol, avec ou sans acide folique, améliorait la signalisation hormonale globale, régulait le taux d’insuline et augmentait la probabilité d’ovulation spontanée. L’inositol peut provoquer chez les patientes certains troubles gastro-intestinaux, qui peuvent être atténués dans la plupart des cas en fractionnant ou en réduisant les doses jusqu’à ce qu’il soit bien supporté. D’après certaines informations, les deux molécules (MI et DCI) seraient plus efficaces quand elles sont combinées [8].

Le chrome

Le picolinate de chrome est un oligoélément fréquent dans l’alimentation, dont on a pu montrer qu’il permet de contrer la résistance à l’insuline des patients. On sait qu’il aide à améliorer l’indice de masse corporelle (IMC) des patientes atteintes du SOPK, ainsi que de réguler la concentration de testostérone et le taux d’insuline à jeun [9]. Une étude comparant l’utilisation du picolinate de chrome à la metformine chez des patientes généralement résistantes à l’induction d’ovulation par le citrate de clomifène a révélé que la metformine était préférable pour soulager les symptômes d’hyperandrogénie, mais que le chrome et la metformine amélioraient de façon comparable la réponse des patientes au clomifène [10]. Le chrome peut par conséquent être utilisé pour favoriser la régulation glycémique et la perte de poids, et potentiellement pour aider les patientes qui ne répondent pas de façon satisfaisante aux médicaments.

La vitamine D3
Polycystic Ovary Syndrome

Les patientes atteintes du SOPK sont plus exposées à présenter une carence en vitamine D3. Ce faible taux pourrait être corrélé à une détérioration de la régulation de l’insuline et de l’activité ovarienne [11]. Quoi qu’il en soit, il n’y a pour l’instant que très peu d’informations sur l’effet d’une supplémentation en vitamine D3 sur le soulagement des symptômes. Certaines données préliminaires suggèrent qu’une supplémentation combinée en vitamine D3 et metformine pourrait être utile pour améliorer l’efficacité du traitement en termes de régularité menstruelle et d’ovulation [11]. Une analyse sérique et une supplémentation basée sur les résultats de celle-ci sont généralement recommandées.

Conclusion

Il reste encore beaucoup à apprendre en ce qui concerne le SOPK et les thérapies nutritionnelles. Il existe des possibilités de traitement prometteuses, avec ou sans médicaments conventionnels tels que le citrate de clomifène ou la metformine, pour améliorer la fécondité à long terme, la perte de poids, la régulation de l’insuline et l’ovulation.